L'EFFEUILL'ÂGE

Collage papier, 30x30cm, 2025

"Je ne t'aime plus"
Lui dit-elle.
Et pourtant.
Il était sûr qu'elle l'avait aimé,

Un peu
Beaucoup
Passionnément
Et même à la folie.

Sans plus d'explication,
L'amour de sa vie
Se referma sur elle-même,
Avec les enfants dans sa coquille.

La petite musique du cœur
N'y changea rien.
Le charme était rompu,
Les liaisons, définitivement perdues.

Il y eut bien quelques emportements
Au mépris de la raison,
Mais ils ne comblèrent jamais ce vide assourdissant,
Pernicieusement installé entre eux.

Et lui qui pensait que la fragilité
Rassemblait nécessairement les êtres,
Dut reconnaître qu'il s'était bercé d'illusions.
Il comprit qu'il n'était plus à sa place.

"N'importe nawak"
Lui dit-il.
Puis, il lâcha l'affaire,
Pour des horizons encore plus polaires.

"Je dois partir pour mieux revenir"
Se dit-il.
Ou quelque chose du genre
Qui le fit presque rire.

Le sol devint alors son lit,
Le ciel, son toit,
La pluie, ses larmes,
La solitude, son amie.

Jusqu'au jour où,
Arrivé aux confins de son désert blanc,
Il reconnut l'animal totem,
Avachi sur la neige.

Le grand morse l'attendait
Pour couper le cordon,
Comme on tranche les amarres
D'un navire échoué.

"Tu cherches la marguerite ?"
Lui dit-il.
"Celle qui saura briser la glace
Et éblouir tes nuits d'errance,

Un peu
Beaucoup
Passionnément
Et même à la folie ?

La voici".